La maison des esclaves de l’ile de Gorée

La Maison des Esclaves est un édifice historique situé sur l’île de Gorée, tout près de Dakar au Sénégal. Elle est située dans la rue Saint-Germain, sur le côté est de l’île.

La maison des esclaves a été construite vers 1776 par Nicolas Pépin, frère de la signare Anne Pépin et maîtresse du Chevalier de Boufflers, elle demeure un lieu qui revêt une portée symbolique en tant qu’emblème de la traite négrière.

Le récit du « conservateur » Alioune Kabo

Au fil des décennies, les récits du « conservateur » de la Maison des Esclaves, Boubacar Joseph Ndiaye, ont contribué à faire connaître ce lieu dans le monde entier : « Cette maison date de 1776 et fut construite par les Hollandais. C’est la dernière esclaverie en date à Gorée. L’ile en a compté jusqu’à 28. Les premières datent de 1536 et ont été édifiées par les Portugais arrivés ici en 1444. « Avec Elmina au Ghana et Ouidah au Bénin, Gorée fut le centre de trafic le plus important de la traite négrière qui dura près de trois siècle et demi. Cette maison renfermait de 150 à 200 esclaves répartis par cellules selon leur sexe, leur âge. Des familles entières pouvaient ainsi être dispersées entre les différentes destinations. Le père aux États-Unis, la mère au Brésil ou à Cuba, les enfants à Haïti…
A leur arrivée ici, on effaçait à jamais leur nom africain pour leur attribuer un numéro de matricule. Parvenus dans leur plantation, ils prenaient le nom de leur maître.
« Chaque cellule mesurait 2,60 m sur 2,60 m. On y entassait jusqu’à vingt personnes enchaînées en permanence et dans des conditions d’hygiène déplorable. C’est ainsi qu’une première épidémie de peste est partie de ce lieu en 1779. Les captifs n’étaient sortis de leur cellule qu’une fois par jour pour satisfaire à leurs besoins. De leur arrivée dans cette maison jusqu’à leur départ pour les colonies, il pouvait s’écouler trois mois. »
« Les enfants étaient choisis sur leur dentition. Un homme devait peser un minimum de 60 kg. Les femmes étaient jugées sur la valeur de leurs seins, leur virginité. » Se donner à un négrier, une solution désespérée que tentaient nombre de jeunes captives pour recouvrer la liberté. Une métisse née de ce type d’union était appelée Signare, déformation de Segnora en Portugais. Les Signares formaient une sorte d’aristocratie à Gorée. »
« L’acquéreur et le marchand d’esclaves se tenaient là, en haut de l’escalier, accoudés au balcon tandis que, sortant de la salle de pesage, les captifs étaient alignés en colonnes, dans cette cour, à l’endroit où vous êtes. On les palpait comme du bétail pour déterminer leur valeur marchande. Un homme ou une vierge pouvaient valoir un fusil… Les appartements que vous voyez à l’étage abritaient les Européens. On se demande comment pouvaient-ils y vivre sachant tout ce qui se passait sous leurs pieds. »
. « Au moment de l’embarquement, certains esclaves tentaient de s’évader en plongeant. Ils étaient aussitôt dévorés. Les requins pullulaient dans ces parages, nourris par les cadavres des malades jetés à la mer.
« Sous tous les cieux, sous toutes les formes, à tous les âges, la traite des esclaves a toujours existé. Mais sans la présence des Européens, elle n’aurait pas pris une telle ampleur en Afrique. Et ils ont su s’y prendre en armant les tribus les unes contre les autres en encourageant les guerres tribales. Du coup, certains s’alliaient aux Européens pour assurer leur survie et coopéraient ainsi activement à la traite. »
« Le 22 février 1992, le pape Jean-Paul II est venu à cette porte demander pardon à l’Afrique. »

El Mansour Seck

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