L’art de savoir négocié…
Dans la vie, rien n’est acquis du tic au tac : négocier, savoir dialoguer, tout ça fait partie des choses simples de la vie. L’histoire humaine est truffée de conflits interminables, assujettis à des contradictions révélées par une multitude de critiques des faits, aussi bien dans la pensée que dans l’action des hommes et des groupes.
Même quand on est en position de force dans un dilemme quelconque, il faut toujours laisser entrevoir, au cas où et en toute intelligence, une porte de sortie simplement parce que cela découle de la sagesse.
Justement, on ne sait jamais ce que demain sera fait dans les combats de souveraineté et de suprématie lors d’une violente opposition de sentiments, d’opinions et d’intérêts, cause pour laquelle la négociation reste l’ultime recours.
L’homme rattrapé par son temps peut toujours avoir besoin de ce qu’il abhorrait hier suivant les différentes situations qui se présentent à lui. L’ensemble des évènements de l’humanité sont relatés par des guerres, des affrontements, des contradictions internes et des incompréhensions par rapport à des situations géopolitiques majeures, fondements de plusieurs pugilats dramatiques qui créent beaucoup de déséquilibres dans nos sociétés. Aujourd’hui, les peuples se cherchent dans la reconquête de leurs vraies identités tout en caressant les plus grands rêves de leur vie.
Or, ” rien ne sert de courir, il faut partir à point “. C’est une marque d’intelligence qu’en voulant ” réduire l’opposition à sa plus simple expression ” sans suite mais avec beaucoup de dégâts collatéraux, on en arrive enfin à un dialogue politique, seule sortie de crise devant remettre le pays au travail.
Wade disait qu’il allait contraindre coûte que coûte Macky Sall à dialoguer. Génie de la politique et pour conforter ses propos, il ira même lui rendre visite en attendant que son suivant tienne aussi parole, lui rendant visite à son tour. Mais que nenni !
C’est aussi mal saisir les tenants et aboutissants et la portée d’un dialogue dans une nation bouleversée avec tous les dividendes liés à un compromis, que de tout refuser à chaque fois sous prétexte de deals stupides, pour après vouloir solliciter de façon dissimulée des rencontres jadis refusées.
Ousmane Sonko, en refusant le dialogue instauré par le gouvernement en place par unique adversité, a fait preuve de néophyte dans son combat politique. Un pouvoir a toujours un avantage sur son opposition. Il s’agit de ses possibilités à contrôler l’État et d’imposer sa gouvernance étendue.
Par ailleurs, le Parti démocratique sénégalais (Pds) et la a coalition Taxawu Sénégal ont fait preuve de réalisme en acceptant une concertation sur la vie politique nationale. Certains vous diront que même les guerres finissent autour d’une table de négociations et ils ont raison, a fortiori une opposition en face d’un pouvoir décidé à se maintenir au pouvoir après avoir longtemps galvaudé toutes les lois du pays et en ne respectant ni l’éthique ni la morale.
PEUR BLEUE AUTOUR D’UNE ENTENTE
Abdoulaye Wade disait que ” les erreurs politiques se paient cash “. Préparer une élection nécessite beaucoup de tact, de travail et du temps.
Les partis qui concourent au suffrage universel ont pour tâche d’emmagasiner assez d’argent et d’éviter certains écueils, avant de s’engager dans une campagne électorale. Un autre défi consiste à être parmi les plus en vue pour entamer des tournées interminables jusque dans les coins les plus reculés du pays.
Il faut après cela faire une longue précampagne électorale de reconnaissance et de sensibilisation pour mieux se préparer à dérouler devant le peuple un bon projet de société. Enfin, il faudra enchaîner durant les trois derniers mois des tournées engendrant une dernière étape certes laborieuse avant les joutes électorales, tout en espérant convaincre son public.
Pour certains partis comme le Rewmi d’Idrissa Seck, le passage dans le gouvernement abhorré par une portion de la population sera forcément un handicap ou par miracle, un profit pour se sortir des critiques des plus contradicteurs et misanthropes qui sont contre le régime des Faye/Sall. Pour d’autres, les déclarations intempestives contre le pouvoir de Macky Sall peuvent leur être néfastes, dès qu’on brocarde leurs marabouts. À cet effet, l’ex-Pastef avait engrangé beaucoup d’adeptes au niveau des masses laborieuses, à savoir les jeunes et les personnes acerbes. Sauf que leur leader Ousmane Sonko, au faîte de son art, n’avait pas eu la finesse requise pour faire sortir son parti de toutes les toiles d’araignée tissées par Macky Sall, contrairement à Me Wade par rapport à Abdou Diouf.
N’ayant pas sa langue dans sa poche, on ne saura jamais quelle mouche a piqué Sonko de s’en prendre d’abord au vieux système en disant ” fusiller ” les anciens chefs d’État de ce pays. C’est comme si les Sénégalais n’aimaient pas trop les hommes « propres ».
Puis son langage à haut débit était axé contre le régime et ses complices sans distinction. Une bonne tactique qui a beaucoup séduit au début en applaudimètre, mais qui en définitive n’a pas pu prospérer au niveau de beaucoup de populations.
Sa méthode certes a embelli le panorama politique au niveau de la jeunesse à coup sûr, marquant ainsi la fin d’une génération. Mais cette façon de faire la politique a déchanté ces derniers temps, laissant au bord du quai un parti hors course.
Pour d’autres partis comme le PDS, la participation à ces élections reste chaque jour de plus en plus maussade, du fait d’un candidat généralissime mais certes stratège. Il est sûr que le candidat libéral porte en lui les stigmates d’une absence dont les contours resteront longtemps énigmatiques, d’autant que Karim a recouvré tous ses droits civiques et politiques depuis 2020. Pour la première fois donc, on assistera à la victoire d’un candidat qui prouverait qu’on peut gagner une élection sans faire une si longue campagne électorale.
Même s’il s’avère exact que Karim va rentrer au bercail tardivement en début novembre avec tous les risques politiques, le seul fait de mettre les militants libéraux à l’épreuve ne s’explique dans aucun des lexiques politiques connus jusqu’à présent.
Pour les autres candidats, il faut se lever tôt et fidéliser les militants d’abord, avant d’entrer dans la course. Et pour ce faire, il convient de beaucoup et toujours communiquer. Or, pour bien communiquer, il faut être présent sur les lieux de combat, d’invectives et d’échanges épistolaires. Ce n’est pas parce qu’on caresse le rêve de devenir président qu’on peut par une baguette magique accéder au pouvoir après un si long moment d’absence du pays aussi volontairement et de façon aussi exposée.
Abdoulaye Wade a réussi en fin octobre 1999 ce qu’il sera difficile pour un autre de réussir, fût-il son fils. Attendre la dernière ligne droite pour pointer du nez et gagner les élections présidentielles risque d’être encore un véritable marathon et au final une surprise si, par extraordinaire, Karim Wade parvenait à faire comme son père.
Si Jules Renard est connu principalement pour son roman autobiographique « Poil de carotte », Karim Meïssa Wade le sera beaucoup plus par une longue absence qui précède son accession au pouvoir.
Tidiane SÈNE, PDS 🌽Toulouse